Recherches héraldiques et découverte d'un blason caché.
La commune de Plaisance située dans la Vienne, a réinstallé il y a quelque années, dans la salle de réunion de la mairie, une magnifique cheminée qui se trouvait à l'origine dans un bâtiment communal du bourg. Elle est estimée du XVe siècle et est faite de pierre calcaire. Elle est décorée d'une fresque restaurée représentant "l'Annonciation", telle qu'elle était représentée par les artistes italiens du XIVe siècle. En dessous, se trouve un blasonnement richement décoré de feuilles de vigne et de grappes de raisins sculptées dans la pierre. Celles-ci peuvent laisser supposer jadis le travail de la vigne, dans la dite paroisse. De plus, le cadastre de 1840, indique sur le coteau situé au-dessus de l'étang la parcelle des "Vignes de la Loge" suivie de celle du "Prioré".
La problématique se trouvait sur le blasonnement, martelé dans un temps lointain pour effacer les armoiries. J'ai donc entrepris de découvrir quel était ce blason. J'ai donc rassemblé une collection d'armoiries des familles nobles du secteur et les ai fait dessiner. J'ai par la suite procédé à des photographies et à une étude comparative de ce blason.
La vue rapprochée de l'écu permet de constater qu'il a été martelé pour effacer l'inscription. Ce martellement est de forme rectangulaire. On peut remarquer une pointe triangulaire en son sommet. Les lettres « P » et « D » sont vraisemblablement les initiales d'un personnage important. Elles ne peuvent pas être liées à une devise qui devrait selon la règle héraldique se trouver au-dessus ou en-dessous.
De par l'aspect religieux et les constatations sur la forme du martellement, il est supposé que le blasonnement était celui du Prieuré de Plaisance, inscrit dans l'armorial général de France, de Charles d'Hozier, d'après l'Edit de 1696, Généralité de Poitiers (2e partie, page 698).
Le martellement a pu dissimuler le sommet du toit (pointe triangulaire) et le rectangle évasé en sa base peut correspondre aux marches de l'édifice et aux pieds des colonnes.
Il est donc envisageable de penser que par son envergure, cette cheminée se trouvait à l'origine, dans un bâtiment religieux important de la paroisse de Plaisance. Le blason mentionné dans un recueil de la fin du XVIIe siècle, a pu être martelé à la période de la Révolution, afin de supprimer toutes traces de l’Église ou pour s'approprier son bien immobilier réquisitionné. Une recherche auprès des registres notariés pourraient éventuellement le confirmer. Je n'ai pas connaissance de l'emplacement de ce blason, sur un quelconque autre monument de la commune.
Néanmoins, la base ARMMA (ARmorial Monumental du Moyen-Age) de l'Université de Poitiers qui s'est intéressée à mon étude, m'a fait remarquer que la couleur bleu n'est pas concordante. En effet, c'est pourquoi j'avance que les initiales de "PD" sont celles de Philippe DAVID (oca1652+27/09/1737 à Plaisance), curé prêtre prieur de Plaisance (1679-1704), chanoine régulier de Saint-Augustin (1699) et recteur de Moulismes. Cela signifierait qu'elles ont pu être ajoutées par la suite. L'homme d'église se serait approprié les meubles du blasonnement et aurait changé la couleur d'or en azur. Il est aussi connu pour avoir écrit au Roi Louis XIV en novembre 1699, pour vanter sa paroisse, les fondations anciennes des rois pour elle et son procès avec les Augustins de Montmorillon, "usurpateurs" de rentes.