Rendez-vous ancestral : 3e chapitre.

Publié le par GénéaBlog86

Rendez-vous ancestraux avec Félix AUGIER (1637-1693) (sosa 16086).

Chapitre 3 :

Après avoir échappé à deux reprises à mon violent ancêtre, dans les deux précédents chapitres, je vais vous narrer comment j'ai rencontré son épouse. En septembre dernier, un matin où la température était douce, j'étais parti faire un footing sur le secteur de Montmorillon. Sur le retour, après avoir parcouru la partie sud de l'agglomération, avec un passage sur la rivière de la Gartempe, par le pont situé dans le bourg de Saulgé, je rejoints la ville basse, par le lieu de Néchaud. Je suis brutalement surpris par le changement de qualité de la chaussée. Alors que je cours sur l'asphalte, ma cheville est déviée par un pavé mal fixé et je me retrouve au milieu d'un chemin boueux présentant deux larges ornières de charrettes.

Visuel actuel en arrivant à Néchaud.

Je jette immédiatement un regard vers la gauche. Mes yeux cherchent vainement le pylône du relais téléphonique proche qui couvre le secteur. Son absence, me fait comprendre instantanément que j'ai une nouvelle fois fait un bon dans le passé, sans le vouloir. J'aimerai tant pouvoir contrôler mes voyages dans le temps, qui m'arrivent à chaque fois, lorsque je m'y attends le moins.

Contraint et forcé, je continue par la marche, à la pointe de mes baskets, afin de ne pas les remplir de boue et pour ne pas glisser. J'arrive à accéder sans trop de difficulté, sur l'accotement herbeux pour poursuivre mon itinéraire. Alors que je progresse comme je peux en direction de la ville, j'entends hurler derrière une petite courbe à gauche. Passé ce virage, j'observe à ma droite une dispute entre deux hommes. Un homme d'une cinquantaine d'années richement vêtu s'adresse à un autre de condition modeste d'à peine trente ans. Le premier semble avoir surpris le second, dans sa vigne, à y dérober des pêches. Le plus jeune répond qu'il est dans son bon droit, dans la vigne de son maître le sieur de Malgouste. Je me retrouve encore dans une histoire de cet ancêtre. Alors que le ton monte et que le plus âgé explique au valet domestique de mon ancêtre, qu'il se trouve du mauvais côté du grand chemin et donc dans sa vigne, je tente de m'interposer pour calmer la situation. Étonnement, mon action n'a aucun effet car je semble être pour une fois spectateur de cette scène, restant invisible pour les deux protagonistes. Je continue à écouter les échanges verbaux entre les individus. Le jeune homme s'enfuit en ayant amassé dans ses poches et sa chemise, autant de pêches et de raisins qu'il pouvait emporter.

Image d'illustration.

L'homme ne semble pas vouloir en rester là. D'un pas assuré et rapide, il rejoint un logis porteur d'une enseigne en fer forgé représentant un lion doré. Il s'agit de l'auberge du Lion d'Or. Il y trouve madame de Malgouste, une femme distinguée d'une quarantaine d'années, et l'informe des mauvaises actions de son domestique, lui précisant que c'est un fripon et un larron. Celle-ci lui répond qu'elle a l'assurance que son valet François est en sa demeure et qu'elle ne lui a point commandé d'aller en sa vigne. Dame de Malgouste le reconduit à la porte. Après avoir pris congé, il se retire vers sa maison. Le dit domestique se jette alors sur lui dans la rue, sans prononcer d'injure ou blasphémé le saint nom de Dieu, tenant à la main un bâton dont il donne plusieurs coups à la tête. L'agressé tombe au sol et son assaillant l'attrape à la gorge pour l'étrangler. Il est immédiatement arrêté par dame de Malgouste et un homme qui accourent.

La victime a la tête en sang, en raison des deux plaies qu'il a au côté droit et à l'arrière du crâne. Son épouse est prévenue et elle va chercher immédiatement le chirurgien, pour lui pratiquer les soins nécessaires, le panser et faire constater ses blessures. C'est à cet instant que je me retrouve au temps présent, sur la place de la Victoire. Je poursuis donc ma course à pied, en direction de mon domicile. Pour une fois, ce n'est pas moi qui me suis fait bastonner, dans l'un de mes rendez-vous ancestraux.

Ma recherche aux archives départementales de la Vienne à Poitiers (86) m'a permis de découvrir ce fait divers, en consultant la liasse 7B57. J'y ai appris qu'une plainte avait été rédigée le soir même, à destination de monsieur le juge prévôt royal de Montmorillon. Les archives me permettent d'identifier les personnages de ce récit, dans l'ordre de leur apparition :

  • Anthoine LEFEBVRE, notaire royal, la victime ;

  • François DESCHAULME, valet domestique du sieur de Malgouste, le voleur et l'agresseur ;

  • Gabrielle LHUILLIER, dame de Malgouste ;

  • le sieur DUFOUR, ayant arrêté l'agresseur avec dame de Malgouste ;

  • Marguerite BRISSON, épouse de la victime ;

  • Guillaume IMBERT, sieur de Razilly et maître chirurgien.

L'agresseur fut condamné à payer la somme de 150 livres à la victime. Cela ne semble pas être une condamnation à la hauteur de la gravité des faits.

De nos jours, les vignes ont disparu du côté de Néchaud, mais il reste quelques pêchers pour ceux qui savent où chercher, avec l'autorisation du propriétaire des lieux naturellement.

Pêches et raisins, par Jean Baptiste Siméon Chardin.

 

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C
Encore un récit qui rappelle que nos ancêtres n'étaient pas toujours des tendres.
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G
Merci pour ton commentaire Catherine.
S
Ahaha très belle fin ! Et quelle chance d’avoir trouvé ce document. Tu l’as transformé en un bon rdv ancestral. Félicitations !
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G
Merci beaucoup Stanislas !
C
Quelle richesse tous ces fonds, et quelle chance d'y retrouver la trace de nos ancêtres !
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G
Il suffit juste de se pencher sur les archives des sénéchaussées pour y découvrir des ancêtres et des cousins.